Collection: Courrèges

La maison Courrèges développe dès ses débuts une esthétique résolument tournée vers le futur : lignes épurées, formes géométriques, matériaux techniques, et usage assumé du blanc, du vinyle et du plastique moulé. Les lunettes de soleil n’échappent pas à cette logique visuelle : formes sculpturales, structures épaisses, montures parfois en une seule pièce. Le style Courrèges est identifiable par son minimalisme rigoureux, ses volumes forts et une approche presque industrielle de la silhouette.

Fondée à Paris en 1961 par André Courrèges, ancien collaborateur de Balenciaga, la maison Courrèges s’impose rapidement comme l’un des piliers du futurisme vestimentaire des années 60. Elle est à l’origine de pièces emblématiques comme la minijupe géométrique, la robe trapèze blanche, les bottes vernies, mais aussi des lunettes solaires audacieuses. Dès la fin des années 1960, la marque développe des accessoires produits sous licence, notamment des lunettes de soleil, d’abord fabriquées en France puis également en Italie dans les décennies suivantes. Ces modèles accompagnent la silhouette Courrèges dans ses déclinaisons sport, minimaliste ou techno-féminine, jusqu’aux années 90.

Les modèles les plus emblématiques sont les lunettes masque des années 60-70, à verres intégrés dans une structure unique, souvent blanche ou argentée. Le modèle surnommé “Eskimo”, avec son design enveloppant, reste l’un des plus représentatifs de l’esprit Courrèges. Dans les années 80-90, la marque adopte des montures épaisses en acétate blanc, noir ou translucide, avec des logos stylisés en “AC” sur les branches. Certains modèles adoptent la forme œil-de-chat géométrique ou des variations pantos très épaisses, avec verres fumés ou colorés (rose, gris, brun). Le marquage “Courrèges Paris” figure en gravure ou sur plaque, selon les séries.

En 1965, Courrèges crée une collection baptisée "Space Age", dont les accessoires — y compris les lunettes — s’inspirent directement de l’imagerie spatiale. Ces pièces font écho aux premiers pas de l’humanité dans l’espace (programme Apollo, conquête lunaire) et traduisent dans la mode l’utopie technologique des années 60. Certaines lunettes de cette période ont été exposées dans des musées de design, notamment au MoMA (New York) ou au Palais Galliera (Paris).

Les lunettes de soleil Courrèges vintage sont recherchées pour leur valeur de témoignage stylistique. Elles incarnent une période où la mode explorait des formes nouvelles, influencées par l’architecture, la science et l’industrie. Leur fabrication française ou italienne est généralement soignée, et leur diffusion ciblée (peu de modèles produits en masse) leur confère une certaine rareté sur le marché actuel. Elles intéressent autant les collectionneurs de mode que les amateurs de design du XXe siècle, en particulier ceux sensibles aux mouvements futuristes.